MuTemps Fantaisie Numérique

« Pour les musiciens, et pour la musique, l’origine du monde c’est le temps : le temps mesuré de la forme, le temps fracturé du rythme, le temps accentué de la syncope…
En imaginant MuTemps-Fantaisie numérique, Jean-Rémy Guédon compose une sorte d’opéra de poche, dont la dramaturgie repose sur les textes de Jacques Rebotier (Description de l’Omme, et d’autres écrits) et la partition visuelle en temps réel de Johan Lescure, le tout mis en scène par Julie Desprairies.
Les acteurs musicaux, ce sont les musiciens de l’Ensemble Archimusic, une alchimie conçue voici plus de vingt ans par Jean-Rémy Guédon. Le saxophoniste improvisateur et compositeur a dès l’origine du groupe voulu associer un quartette de jazz (saxophone, trompette, contrebasse et batterie) et un quatuor classique de bois (hautbois, clarinettes, basson).
Pour cette nouvelle œuvre deux voix se joignent à l’ensemble instrumental : l’univers lyrique, avec Laurence Malherbe, et l’esprit blues-rock de Jean-Marie Marrier. La densité du propos musical repose sur la tension permanente entre une écriture serrée et des espaces improvisés très ouverts. Et le texte, enfant chéri de Jean-Rémy Guédon (naguère Sade, Nietzsche, Cervantes….) joue sa partition de sens, d’humour, de fantaisie et de gravité existentielle.
L’ambition, assurément aboutie si j’en juge par la représentation à laquelle j’ai assisté en octobre 2014, c’est de créer, le temps d’un spectacle « une véritable communauté humaine ». La communauté s’incarne, sur la vidéo en fond de scène, par les portraits photographiques des spectateurs, captés sur le vif à l’entrée de la salle. Et l’écran répond de manière conclusive à la question posée au public : « Qu’est-ce que l’Omme pour vous ? ». Chacun a communiqué par SMS, en début de représentation, sa définition, et l’image en révèle la substance dans le générique final qui défile à l’écran. Celle de votre serviteur était ce soir-là en forme de calembour trans-linguistique « L’Omme c’est l’Hombre ». Je persiste et je signe. »

Xavier Prévost, mars 2015