Eté

L’insaisissable Yves Robert, tromboniste virtuose, signe avec Eté son disque le plus achevé et séduisant.

On retrouve là toutes les qualités de composition et d’agencement d’Yves Robert ­ cette écriture raffinée, piégée par la dérision, qui travaille essentiellement sur les formes brèves, la dialectique morcellement/continuité ; ce souci maniaque de la forme en mouvement, de l’oeuvre en procès ; ce goût des cycles et des petites machineries : cette façon très personnelle de ciseler en orfèvre d’exquises petites boîtes à musique(s) où tout se joue et se déjoue dans le déploiement magnifique et infime de microstructures qui s’emboîtent et se décalent soudain en d’inattendus coq-à-l’âne. Mais ce qui séduit ici plus que tout, c’est une richesse mélodique luxuriante, une maîtrise totale des climats, un contrôle toujours plus affirmé de la mise en scène globale de l’oeuvre présentée à travers l’objet-disque ­ le tout sur un mode léger qui relève finalement plus d’un certain esprit pop que de la mythologie du jazz. C’est cette échappée belle pleinement assumée vers ces nouveaux horizons qui fait d’Eté l’un des disques les plus aboutis de ces dernières années. (Stépane Ollivier - Les Inrocks)